[Ruelles commerçantes] Flânerie avant préparation d'un long voyage

La jeune mage venait de se voir attribuer une mission d'une haute importance. Elle allait devoir accompagner son tuteur, le grand mage Bartholomew Granson dans sa quête de récolter le sang de Sarvas. Elle le suivrait en tant qu'assistante et devrait se montrer à la hauteur de son enseignement reçu au Collège des Thaumaturges de Dan Olien. C'était messire Granson lui-même qui avait insisté pour que Corane l'accompagne, elle se devait donc de ne pas le décevoir.

C'était aussi pour elle sa première occasion de sortir de l'enceinte de l'école. Depuis ses 5 ans, âge auquel elle a été enlevée à ses parents, elle n'avait pas encore eu l'occasion de franchir ces murs. Il en résultait chez elle une très grande excitation, contenue certes, mais bien réelle. Elle rêvait depuis un certain temps de ce jour où elle pourrait enfin explorer le monde et voir réellement ces paysages qu'elle avait longtemps contemplés dans les ouvrages poussiéreux de la grande bibliothèque de l'école.

Elle avait soigneusement préparé son sac de voyage. Messire Granson l'avait briefée sur l'enjeu de ce voyage et le fait qu'ils allaient peut-être devoir parcourir tout Klam afin d'accomplir cette quête. Il l'avait aussi informée qu'il devait faire quelques courses à Dan Olien avant de partir afin de s'approvisionner de diverses choses pour leur voyage.

Ils quittèrent le collège de Dan Olien le matin et Messire Granson lui donna quartier libre pour quelques heures, le temps de faire le tour des échoppes afin qu'elle puisse trouver ce qui serait susceptible de lui manquer pour son voyage. Il avait lui-même quelques achats à faire de son côté et il lui donna rendez-vous sur la grand place à 11h.

Ils se séparèrent donc devant une armurerie. Le mage disparu bientôt dans la foule des gens qui arpentaient la rue à la recherche d'une bonne affaire. Corane attendit qu'il ne fut plus dans son champs de vision pour se tourner vers l'armurerie. Un lointain souvenir de combat d'épée lui revint en mémoire alors qu'elle s'approchait de la vitrine. Divers dagues étaient exposées et l'une d'entre elle attira son attention. Elle se demanda si elle pouvait s'autoriser un tel achat en tant que mage. Elle ne savait pas s'en servir mais elle pensait que cela serait un très bon objet de défense en cas d'attaque durant son périple. Elle était mage, certes, mais elle ne maîtrisait pas suffisamment le sang de Raxxon pour qu'il lui soit très utile en cas d'attaque.

Elle resta un moment à bader devant la vitrine, hésitant à entrer ou pas, contemplant l'objet de son désir.

Soucieuse, Hermane parcourait de nouveau les rues commerçantes de Dan Olien en ce début d'automne décidément maussade. Le message de son père l'avait prise de court, ou presque - mais après tout, il était temps qu'elle quitte la capitale de Thyrène, aussi fascinante soit-elle. Elle aurait une fort longue route à faire pour porter sa missive et certains de ses effets avaient fait leur temps ou nécessitaient quelque entretien : elle s'était donc mise en quête de quelques fournitures.

Passant sans le regarder devant l'étal d'un marchand de fruits, elle obliqua vers le quartier des artisans. Chemin faisant, elle faisait un inventaire mental de ce qu'il lui serait nécessaire d'acquérir, classant par ordre de priorité ses futurs achats. Le flacon d'huile de clou de girofle qui lui servait à entretenir ses armes était presque vide, et sa pierre à affûter aurait sans doute besoin d'être changée bientôt. De plus, son manteau d'hiver commençait à accuser son âge et serait bientôt tout juste bon à être recyclé en une couverture pour Farran. Certains de ses pots d'onguents avaient également fait les frais de sa blessure, désormais guérie. D'autres menus travaux seraient à prévoir sur son matériel, il lui faudrait donc faire attention à son budget, même si elle était assez économe.

Avisant la boutique d'un armurier, elle se rapprocha de la devanture. Une jeune femme en obstruait cependant la vue, apparemment indécise. Elle se déplaça donc à côté de celle-ci afin d'examiner les articles proposés. La demoiselle, qui portait pantalon, semblait intéressée par une des dagues, devant laquelle elle était placée - et ce faisant, elle empêchait Hermane de consulter le prix du flacon d'huile qui l'intéressait.

Elle interpella donc l'inconnue.
"Excusez-moi, je voudrais voir le prix de cet article."

La jeune femme aux cheveux roux resta encore un petit moment dubitative devant la vitrine de l'armurerie, observant les dagues exposées. Elle pesait le pour et le contre de cet achat quelque peu onéreux. C'était la première fois qu'elle mettait les pieds en dehors du collège des Thaumaturges qui subvenait habituellement à ses besoins. Elle avait réussi à mettre de côté une petite somme d'argent du fait qu'elle n'avait à faire aucune dépense vue qu'elle ne sortait pas de l'école. Mais elle avait du mal à se décider, se demandant si cet achat était bien raisonnable. De plus, cet objet éveillait chez elle un lointain souvenir lié à l'interdit. Malgré le fait qu'elle contrôlait le verrouillage de son esprit comme le simple fait de respirer, elle n'avais pas oublié ses rêves d'enfant qui émanaient du pouvoir que le sang de Raxxon lui conférait.

Elle fut bientôt tirée de ses considérations par une voix derrière elle. Elle sursauta, comme si le fait d'avoir ce genre de pensées était un crime et que la personne en question allait la rappeler à l'ordre. Puis elle se renfrogna avant de se retourner pour voir la personne qui s'adressait à elle. Il lui fallu quelques secondes pour assimiler les mots qui venaient de lui parvenir. Ils firent bientôt sens dans son esprit et elle répondit :

"Bien-sûr..."

Elle s'écarta légèrement de la vitrine, laissant la place à la jeune femme à l'air strict. Elle la dévisagea discrètement et se fit la remarque qu'elle avait un accoutrement étrange.

*Elle a une allure militaire. Je ne savais pas qu'il y avait des femmes dans l'armée... à moins que...*

Ses pensées s'égarèrent quelque peu puis elle les réordonna avant de se ré-avancer vers la vitrine pour se mettre à la hauteur de son interlocutrice. Elle risqua :

"Vous... vous avez l'air de vous y connaître...en armement..."

Peut être cette personne pourrait-elle la guider dans son choix. Mais il fallait qu'elle reste assez prudente. Les mages n'étaient pas forcément bien vus par toute la population de Klam.

Vêtue d'une tunique rouge (dont la coupe stricte et assez longue était peu à la mode) passée par dessus une sobre chemise blanche, la jeune femme qui était maintenant penchée vers l'étiquette d'un flacon d'huile. Elle avait effectivement une allure assez martiale, avec son simple pantalon de toile noire tel qu'en portaient les hommes, enfoncé dans de solides bottes de cuir assorties et parfaitement astiquées. Mais c'étaient surtout les armes passées à son ceinturon qui confirmaient cette impression, quoique pas autant que son expression sévère et ses cheveux coupés ras - ce qui était pour le moins inhabituel pour une femme.

Elle plissa les yeux en déchiffrant le prix affiché, et se redressa avec un reniflement méprisant, marmonnant pour elle-même.

"Trente pièces d'or ? C'est scandaleux..."

La jeune femme rousse qui contemplait la vitrine à son arrivée s'adressa alors à elle d'un ton incertain :
"Vous... vous avez l'air de vous y connaître...en armement..."

La jeune guerrière acheva de se redresser et tourna la tête d'un mouvement vif vers son interlocutrice hésitante, la dévisageant brièvement avant de confirmer du chef avec sécheresse.
"En effet. Ce sont ces dagues qui vous intéressent ?" questionna-t-elle, ayant vu le regard de l'autre se porter sur les armes en question.

Corane s'était écartée poliment pour laisser place à la jeune femme afin qu'elle puisse observer le prix qui l'intéressait. Elle se positionna un peu en retrait pour se permettre de la détailler discrètement, ne voulant pas se faire remarquer par cette dernière. Dévisager les gens de la sorte était fort impoli. Elle le savait. Mais c'était la première fois qu'elle rencontrait une personne de son genre. Elle avait dans l'idée que toutes les femmes devaient être "féminine". Elle-même faisait déjà entorse à la normalité en portant un pantalon plutôt qu'une robe. Mais c'était tellement plus pratique ! Cela lui avait valu d'ailleurs quelques remarques de la part de ses congénères au collège. Mais elle n'en avait que faire. Ca ne la surprenait donc qu'à moitié de voir une autre femme accoutrée comme un homme, sauf que celle-ci était une caricature plus exagérée. De la coupe de cheveux en passant par la tenue vestimentaire, si la rouquine n'avait pas d'abord entendu le son de sa voix, elle aurait pu se méprendre sur elle.

Son regard s'attarda sur les armes qu'elle portait à son ceinturon. Visiblement, la demoiselle (dame ?) était une connaisseuse en la matière. Elle s'exclama en voyant les prix affichés et Corane détourna instantanément les yeux afin de ne pas être prise sur le fait. Elle se rapprocha ensuite de la vitrine et demanda confirmation à Hermane sur le fait qu'elle s'y connaissait bel et bien en armes ou pas. Celle-ci lui répondit sèchement par une autre question. L'air un peu hésitant de Corane disparu complètement et son visage se durcit alors qu'elle répondit :

"Oui. A vrai dire je ne suis pas une grande connaisseuse, mais je cherche une arme petite et maniable, facilement dissimulable. On n'est jamais trop prudents par les temps qui courrent."

Hermane acquiesça derechef, jaugeant son interlocutrice du regard.

"C'est plus prudent effectivement. Il vous faudrait donc une petite dague ou un poignard."

Elle jeta un coup d'œil aux lames présentes dans la vitrine, plissant un instant le nez avec un vague dégoût.

"Toutefois, si c'est une arme discrète et efficace que vous cherchez, je doute que vous ne trouviez quelque chose qui vous convienne ici. Celles-ci sont des lames d'apparat" expliqua-t-elle en désignant les objets en question.

"Pas ce qu'il y a de plus discret donc, et si la qualité de la lame n'est pas si mauvaise, on peut certainement trouver mieux pour ce prix, voire pour moins cher. A moins que vous ne vouliez arborer une arme pour obtenir un effet dissuasif - ce qui pourrait également être une façon d'éviter des ennuis, surtout si vous ne savez pas trop la manier - il vous faudra donc un modèle plus discret. Encore qu'une dague de ce prix risquerait plus d'attirer l'attention que d'avoir un effet dissuasif."

Elle hésita un instant, examinant brièvement la mise de la jeune femme rousse : si celle-ci ne paraissait pas dans le besoin, elle ne semblait pas non plus baigner dans l'opulence.

"Je ne sais pas si vous êtes très en fonds, mais si vous voulez un matériel solide pour un prix raisonnable, vous auriez avantage à visiter une autre échoppe que celle-ci."

L'épée que portait Hermane, une lame assez courte mais plutôt large, ne portait guère de fioritures (quoiqu'on put y distinguer quelques décorations discrètes), de même que le stylet très simple qui pendait à son autre côté : les deux objets respiraient une rigueur toute fonctionnelle, à l'instar de leur propriétaire.

"Je ne me fournis pas moi-même dans ce type de boutique" précisa-t-elle.

Corane pesait chacun de ses mots et finalement la réponse qu'elle fournit à son interlocutrice était parfaitement recevable. Il était vrai que par les temps qui courraient, à cause de l'attenta contre le roi de Thyrène, les gens devaient commencer à se livrer à une sorte de paranoïa qui pourrait les pousser à s'équiper pour être prêts à se défendre en cas d'attaque. C'était également le cas de la jeune mage qui avait eu échos des récents évènements. Elle avait aussi connaissance du banditisme qui sévissait sur les voyageurs et on n'était jamais trop prudents.

La jeune femme acquiesca, visiblement d'accord avec ce point de vue. Puis elle lui déconseilla fortement de s'acheter une arme dans cette boutique et lui parla d'armes d'apparat. Cela ne lui parlait pas d'avantage. Pour elle, toute arme devait avoir son utilité. Elle n'avait pas reçu d'éducation dans ce sens. On ne formait pas les mages à utiliser quelconque arme, mais plutôt à faire usage du sang de Raxxon.

Elle rejeta un oeil aux armes que lui décrivait Hermane et cela lui sauta aux yeux que ces dagues étaient ornées de dorures et de brodures qui en faisaient de jolies armes en effet et certes, peu discrètes.

Corane était un peu déçue, mais en rejetant un rapide coup d'oeil aux armes que portaient la jeune femme, elle se dit qu'elle savait sûrement mieux qu'elle de quoi elle parlait. Mais elle se voulait tout de même méfiante. Tout en continuant de fixer la vitrine, la rouquine lui lança sur un ton neutre :

"J'ai l'impression que vous avez l'air d'en connaître un rayon sur les lames. C'est vrai que je ne voyais pas cela sous cet angle. Mais je me demande toutefois, puis-je me fier à votre jugement ?"

Elle détourna les yeux de la vitrine, plongeant son regard ambré dans celui de son interlocutrice :

"Vous m'avez l'air de quelqu'un de droit et d'exprimenté. Faites-vous partie de l'amée de Thyrène ? ou d'une garde quelconque ?"

Corane était un peu directe, peut-être ce genre de question ne se posait-il pas. Mais on lui avait suffisamment répété de ne pas faire confiance facilement, et de toutes façons, ce n'était pas dans son tempérament.

Que la question soit trop directe ou non, la jeune femme brune ne parut pas s'en formaliser, se contentant d'opiner du chef et de donner quelques précisions de manière concise, comme il semblait que ce soit son habitude.

"J'appartiens à l'armée du Nordheim. Je suis en permission pour le moment. Je m'y connais donc effectivement quelque peu en armes. Je n'ai sans doute pas l'expertise d'un maître forgeron, mais je sais choisir une arme pour qu'elle remplisse au mieux son office sans sacrifier au coût, cela fait partie de mes fonctions."

Elle haussa les épaules avant d'ajouter :

"Toutefois, je ne sais pas exactement ce que vous attendez de l'arme que vous recherchez. Le mieux est sans doute que vous visitiez plusieurs marchands afin de vous faire une idée plus précise et de comparer les prix en vigueur. Il y en a plusieurs dans les parages, plus sans doute quelques marchands itinérants, vous devriez finir par trouver quelque chose qui vous convienne."

La jeune femme n'avait pas paru s'offusquer de la question de Corane. Elle lui répondit même sans détour. Elle confirma l'idée que la rouquine s'était faite. Elle appartenait bien à l'armée. Donc le maniement des armes était de son ressort.

Elle lui avait démontré que le choix d'une arme n'était pas aussi simple que le fait d'avoir flashé dessus. Il lui faudrait donc consulter plusieurs échoppes avant de trouver celle qui lui faudrait. Seulement, elle n'avait pas toute la journée pour la choisir. Messire Granson lui avait donné rendez-vous vers 11h et elle ne tenait pas spécialement à lui faire part de cet achat qu'il serait susceptible de contester. Du moins c'est ce qu'elle craignait. Elle avait un peu l'impression de faire une bêtise et se sentait un peu coupable du fait que ce souhait de posséder une arme était lié avec ses songes qu'il lui avait fallut plusieurs années pour apprendre à verrouiller.

Elle ordonna rapidement toutes les pensées qui l'assaillaient et répondit :

"Je souhaite juste avoir une arme d'appoint. Je vous avoue que je ne sais pas l'utiliser. C'est simplement pour avoir de quoi me défendre, au cas où... et je n'ai pas un très gros budjet."

Elle rejeta un bref coup d'oeil à la vitrine avant d'en détourner les yeux de nouveau :

"Soit ! je vais suivre vos conseils et aller voir ailleurs si je trouve quelque chose de plus utile pour un meilleur prix. Auriez-vous un endroit en particulier à me recommander ?"

Hermane secoua la tête en un geste de dénégation.

"Je ne connais que peu les marchands locaux, je ne suis pas ici depuis assez longtemps. Mais je sais qu'il y en a plusieurs dans cette rue et que quelques forgerons itinérants passent parfois également par le marché ou dans ce quartier, d'après ce qu'on m'a dit."

Elle hésita un instant - mais après tout, elle avait un peu de temps, ça ne lui coûtait rien, et la jeune femme rousse semblait vraiment embarrassée ; elle ajouta donc :

"J'ai moi-même quelques achats à faire, vous pouvez m'accompagner si vous voulez. Je pourrai vous donner un conseil ou deux."

pendant ce temps (~~au parti communiste~~)

Sawerik se dirigeait d'un pas nonchalant vers l'emplacement que l'UEH lui avait attribué, un sac de marchandises sous le bras.

Les ventes avaient été exceptionnellement bonnes: non seulement les participants au championnat avaient tous eu besoin de bricoles de dernière minute, mais en plus, depuis les attentats, tout le monde semblait avoir besoin d'une arme pour se rassurer. les bénéfices avaient été tels qu'il en avait oublié d'enrager à propos des taxes et autres paperasseries demandées par l'UEH. Sawerik s'était donc payé le luxe de faire la grasse matinée, et de faire un copieux petit déjeuner. Il avait pris la décision de vendre les quelques lames qu'il lui restait, avant de repartir vers le nord.

il ruminait quelques vieux souvenirs sur son passé d'apprenti, lorsqu'il approcha de l'enseigne d'un concurrent. Par curiosité il s'approcha de la vitrine pour estimer la qualité de la marchandise. Sans surprise, la plupart des armes proposés étaient des armes d'apparat. On avait sacrifié la solidité et l'équilibre à la beauté et aux gravures.

C'est à ce moment qu'il se rendit compte que femmes débattaient de la qualité des produits. Et visiblement, elles recherchaient des armes moins ostentatoires. c'est donc sans remords qu'il tenta de récupérer cette nouvelle clientèle.

Pardonnez-moi mesdemoiselles, je n'ai pu m'empêcher d'entendre votre conversation. j'ai cru comprendre que vous recherchiez du matériel plus... efficace. Je suis moi-même forgeron et si vous voulez bien me suivre, mon emplacement de vente se trouve à deux rues d'ici.

Sans se départir de son air sévère, la jeune femme vêtue de rouge se tourna vers le nouvel arrivant et le détailla d'un œil critique. L'individu ne payait guère de mine, mais elle avait rarement vu un bon forgeron porter des soieries ; quoique une mise trop misérable aurait signalé que les affaires de l'artisan marchaient mal, ce qui n'aurait guère été un bon présage pour la qualité de sa marchandise.

Il ne coûtait néanmoins pas grand chose de voir ce que celui-ci avait à proposer. Elle se tourna donc vers la rouquine d'un air interrogateur.

[HRP] Désolée pour le retard, j'ai été pas mal occupée cette semaine ^^"

Corane espérait que son interlocutrice aurait un endroit à lui recommander afin de ne pas se faire escroquer et fourguer une arme qui tomberait en morceau dès sa première utilisation. Hermane lui affirma donc qu'il y avait plusieurs boutiques dans la ruelle et éventuellement, des marchands itinérants sur la place du marché. La rouquine, qui n'y connaissait absolument rien, n'avait rien à perdre à la suivre et elle aviserait ensuite quand à l'achat de son arme. Elle acquiesça donc à la proposition de la guerrière quand au fait de l'accompagner.

Mais avant qu'elle n'aient eu vraiment le temps de se décoller du magasin d'arme, elles se firent accoster par un jeune homme assez grand dont le visage semblait marqué par des cicatrices. Il les interrompit, d'après ces dires, il avait écouté leur conversation. La première chose qui vint à l'esprit de Corane, fut de le rembarrer pour cela, mais il se présenta comme forgeron et c'était exactement ce qu'elles cherchaient. Hermane s'était tournée vers elle, lui adressant un signe de tête interrogateur.

Corane plissa légèrement les yeux tout en se tournant vers le jeune forgeron et elle lui lança avec un petit sourire en coin :

"C'est exact...Mais ne vous as-t-on jamais appris que c'était mal d'écouter aux portes ?"

Mais vue qu'il tombait plutôt bien, le blâmer à coup de sarcasme n'était peut être pas la meilleur chose à faire, même si c'était plus fort qu'elle, elle s'empressa d'ajouter comme pour se rattraper :

"Soit... on va dire que ça va pour cette fois, vous tombez plutôt bien Messire, montez-nous votre marchandise."

La demoiselle rousse ayant approuvé la proposition du forgeron, Hermane entreprit donc de suivre celui-ci jusqu'à son lieu de commerce. Elle examina au passage les prix des concurrents situés sur le chemin, mémorisant ceux-ci à des fins de comparaison.

Pendant le trajet, Sawerik examina discrètement le duo qui le suivait. S'il était clair que la brune faisait parti de la garde ou de l'armée, il n'arrivait pas à déterminer le métier de la seconde. Vu sa tenue, il finit par se dire qu'elle était une fille de la bourgeoisie en quête d'aventure. Ce qu'il lui semblait certain, c'était qu'il devrait user de toutes ses compétences pour pouvoir assurer une vente.

Arrivé à destination, Sawerik s'activa pour garnir les tables que l'UEH lui avait gracieusement alloué. En un temps record, elles se virent recouvrir de couvertures, puis de lames diverses: dagues, rapières, épées longues...

"Allez mon vieux, il est temps de sortir le grand jeu..." se dit il, se préparant à endosser le rôle de marchand avant de commencer à vanter ses produits.

"Si j'ai bien suivi, vous cherchez une lame courte? Vous avez ici une sélection de ce que j'ai de mieux en poignards et en dagues." Sawerik se gardât bien de dire que c'était en fait tout ce qui lui restait, l'expérience lui avait malheureusement appris que l'honnêteté et la modestie n'était pas de bonnes compagnes pour les affaires dans la région.

"Et si jamais vous recherchez quelque chose de plus exotique, permettez moi de vous montrer ceci:" Le forgeron pris en main un longue épée rangée dans son fourreau. L'arme devait faire approximativement la longueur d'un bras, la lame était large, vu la taille du fourreau, et la forme de sa garde la rendait clairement menaçante. Le fourreau quand à lui était plutot sobre, de bois laqué noir. "A première vue, ce fourreau renferme une lame longue... Une arme capable d'intimider n'importe quel pickpocket, je pense que vous en conviendrez. Mais dégainez la lame et... " Le forgeron joignit le geste à la parole, mais lorsqu'il tira sur le manche, une partie se détacha du reste, en dévoilant un poignard d'une taille respectable. Semblant satisfait de sa démonstration, il tendit la lame au duo pour leur permettre d'apprécier le travail, avant d'ajouter: "En plus, comme vous pouvez le constater, le fourreau ne pèse pas grand chose, vu que l'arme à proprement parler se range dans la garde, le reste n'a donc pas besoin d'être renforcé."

Après ce petit baratin, Sawerik attendit la réaction de ses clientes, en se demandant s'il allait finalement réussir à vendre son gadget.

Hermane examina l'étrange arme proposée par le forgeron d'un œil acéré. La lame semblait de bonne qualité, mais elle n'était pas convaincue par le système proposé.

"Ingénieux système, mais je doute que l'effet de surprise soit favorable à l'utilisateur. Le fait de porter une lame impressionnante peut certes décourager certains malandrins, mais se retrouver avec un simple poignard dans les mains lorsqu'on est face à des gens plus déterminés qui s'attendent à une épée les fera sans doute plus rire qu'autre chose. A moins que ce ne soit la forme de distraction que vous espériez..."

Il était difficile de déterminer si elle était sérieuse ou faisait preuve d'un sens de l'humour assez particulier. Elle pointa cependant un autre défaut à la conception de l'engin :

"Qui plus est, même si le fourreau est léger, l'encombrement occasionné reste le même. Or c'est là une des principales gênes occasionnées par une arme longue pour qui n'en a pas l'habitude. Bref, j'admets que votre travail est intéressant, mais je doute de son efficacité pratique."

Laissant là le gadget proposé par l'artisan, elle préféra donc s'intéresser aux dagues et poignards plus classiques. Elle en soupesa et manipula quelques-uns, vérifiant l'équilibre des armes présentées et examinant les lames de près.

"Pas trop mal, mais c'est vraiment ce que vous avez de mieux ? Ah, et pendant que j'y suis, est-ce que vous auriez du petit matériel pour l'entretien ?"

Sawerik fut impressionné par la guerrière, qui ne devait pas faire partie de la piétaille de base. Il semblait évident qu'il allait encore se trimballer son gadget quelques temps encore. Certains jour, il aurait voulu avoir le génie gnome pour ses inventions. Et puisque sa récente bonne fortune lui avait fait baisser sa garde, il décida de changer de stratégie.

"Vous m'avez démasqué ma dame, avec les affaires récentes, tout mon stock est parti comme des petits pains. Et il en va de même pour tous mes concurrents. Toutefois, comme vous m'avez percé à jour, je peux vous proposer mes lames personnelles."

Le forgeron déploya le pan gauche de sa cape, ce qui laissa apparaitre une dizaine de dagues attachées à des sangles. La plupart étaient des armes de jets, certaines n'avaient même pas de manches et avaient la forme d'un S allongé. Une tentative d'imitation de lames Taïkhris peut-être? Sawerik déposa un exemplaire de chaque catégorie sur la table, rangeant par la même occasion l'épée gadget.

L'argument des "armes personnelles" marchait presque à tout les coups. Et le forgeron se gardait bien de dire qu'il n'utilisait presque qu'exclusivement sa hache et son arbalète lorsque les choses s'envenimaient. Ces armes étaient toutefois ses meilleures créations, en effet, il mettait toujours un point d'honneur à montrer la meilleure marchandise possible lorsqu'il jouait cette carte.

"Oh, et pour ce qui est de l'entretiens, il me reste quelques flacons d'huiles et des pierres à affuter. Et si jamais vous désirez quelque chose de plus spécifique, il devrait me rester de quoi forger du sur mesure, mais je devrais bientôt repartir vers le nord pour me réapprovisionner en lingots."

Corane, accompagnée de son acolyte, emboîta le pas du jeune homme qui les conduisit sur la place du marché. En un rien de temps, celui-ci s'était empresser d'étendre son matériel sur des tables qui se trouvaient là. D'ailleurs Corane se demandait si elles lui appartenaient ou pas. Mais cette question lui sorti aussi vite de l'esprit quand il commença à leur vanter les mérites d'une espèce de dague avec un fourreau à la taille démesurée par rapport à la lame.

La jeune magicienne n'y connaissait rien en lames, mais elle ne se laissa pas duper par cet objet dont elle ne voyait pas l'utilité. Elle n'eut point le temps de réagir cependant, car Hermane l'avait devancée. Elle examina l'objet, tout en le commentant. Et ce qu'elle répondit de son oeil expert, concordait avec ce que pensait également la rouquine qui était restée en retrait, les bras croisés.

Corane sembla plus intéressée lorsque le vendeur leur parla de lames "personnelles". Elle fit un pas en avant, tandis qu'il déposait les lames sur la table. Sans mot dire, elle saisit la lame en forme de "S", la monta à hauteur de ses yeux et la regarda sous plusieurs angles. Elle ne s'essaya pas à la manipulation de celle-ci, ne voulant pas trop passer pour une novice.

"Hmm... je cherche quelque chose de discret en réalité, qui me permette d'être glissé dans une cape par exemple, qui soit facilement dégainable et utilisable en cas...d'agression... si vous voyez ce que je veux dire..."

Elle plongea son regard ambré dans celui du vendeur, guettant sa réaction, cherchant à déceler quelque chose dans son attitude qui lui permettrait de déceler si elle pouvait lui faire confiance ou non.

Le regard de la rouquine avait un effet saisissant, qui réveilla dans l'esprit de Sawerik de vieilles inquiétudes. Se pouvait-il qu'elle était au courant? Non, bien sûr, il redevenait parano. Il avait passé une après midi à observer les apprentis mages sur la grand rue qui donnait sur le Collège sans que personne ne le remarque...Mais il y avait quelque chose en elle qui l'intriguait.

Après ce petit temps de réflexion, il se ressaisit. "Une arme cachée? Moui, je pense avoir exactement ce quil vous faut. Voyons... Oui, celle ci me semble parfaite pour ce rôle." Le forgeron désigna l'une des lames qu'il avait tiré de sa cape, un poignard sans garde, avec une lame un peu plus longue que la normale. Il farfouilla dans son sac pour en sortir un fourreau.

"Avec ça, je vous garantit que vous avez de quoi trancher du malotru. Après, pour ce qui est de la dissimuler, vous avez le choix. Par exemple, si comme certains mages vous aimez porter des manches longues et amples, vous pouvez le fixer à votre avant bras... Et voilà, la parano reprenait le dessus, il partait à la pèche aux informations, l'air de rien. S'il ne se contrôlait pas, il allait bientôt soupçonner la guerrière d'être une chasseuse de sorciers, ou la rouquine d'être à ses trousses depuis Aephon...

Le jeune homme s'accorda quelques secondes de réflexions alors que Corane s'était mise à soutenir son regard. Elle cherchait à déceler en lui quelque chose qui pourrait lui permettre de juger s'il était digne de confiance où non. Elle n'était pas à le soupçonner d'appartenir à une quelconque faction et elle n'était pas assez expérimentée pour savoir reconnaître un mage du premier coup d'oeil, malgré le fait qu'elle n'ai fréquenté que ceux-là depuis des années. En dehors du collège, qui pourrait se douter de qui était qui sous les accoutrements que revêtaient les gens. Il y avait biensûr de nombreux clichés sur les mages, la longue robe, les manches amples, que Sawerick ne manqua pas de mentionner d'ailleurs, mais Corane était déjà l'exception qui confirmait la règle dans ce domaine. Elle portait des manches serrées, seule sa cape de voyage avait des manche plus larges, mais elle ne la portait pas en ce moment même.

Elle reposa la lame qu'elle faisait tourner entre ses doigts et saisit la lame que le forgeron lui tendit avant de lui répondre :

"Certes, mais comme vous le voyez je ne suis pas de ceux là. " Elle sous-entendait bien sûr "de ceux qui portent des manches amples", après il l'interpréterait bien comme il voudrait. Elle était loin de le soupçonner d'être un mage déserteur, la seule chose dont elle pouvait le soupçonner pour le moment, c'était d'essayer de lui vendre de la camelote contre le peu d'or qu'elle possédait. Elle estimait que ces manches n'étaient pas très pratiques et elle préférait être à l'aise dans ses mouvement.

"Pensez-vous que je puisse la cacher à l'intérieur de ma botte ?"

Elle compara la taille de la lame avec la hauteur de sa botte et à vue de nez, cela devait rentrer.

"Vous me proposeriez combien pour celle-ci ?"

Puis elle se tourna vers Hermane :

"Qu'en pensez vous ?"

Hermane examina soigneusement l'arme proposée par le forgeron, jaugeant la qualité de l'acier et des finitions d'un œil acéré et testant son équilibre avant de répondre.

"La qualité est nettement meilleure que les autres lames. L'absence de garde pourrait être gênante dans certaines situations, mais vous permettra de dissimuler plus facilement l'arme sans être gênée. Si vous comptez la cacher dans votre botte, il vaut mieux vérifier que vous ne serez pas gênée et vous y habituer avant d'entreprendre des marches longues, vous pourriez gagner quelques ampoules ou des irritations à cause des frottements, surtout si vous ajustez mal le fourreau. Il vous faudra sans doute faire quelques essais pour trouver la façon de le mettre qui vous conviendra le mieux."

Elle soupesa encore le poignard, vérifia la rectitude de la lame et son fil avant d'ajouter quelques mots.

"Sinon, si vous désirez la porter à titre plus dissuasif, vous pourriez y faire ajouter une garde. La lame est assez longue pour être plus impressionnante qu'un simple couteau, je suppose."

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